mercredi 20 mai 2015

Thème : Monsieur Renard


Auteur : Amyah D. (Gagnante pour ce thème)


Un renard sur un arbre perché… euh… non… non, c’est pas ça. Allez, je recommence.
Un corbeau sur un arbre perché tenait dans son bec un fromage. Le renard, à ses pied s’essaie bien de le vanter mais le fin finaud est un érudit et il a lu la fable, alors il est sourd aux paroles mielleuses du renard et tiens bien fort son délicieux fromage avec bec et griffes.
Monsieur Renard, assis au pied de l’arbre et le cul dans la neige froide est bien désespéré. Aucuns de ses compliments n’arrivent à ses fins et cet oiseau de malheur ne lâche pas le morceau. Pourtant, s’il se fie à l’histoire de son arrière-arrière-arrière-arrière-bon encore trois fois arrière-grand-père, c’est supposé fonctionner à tout coup.
Ah ! Ce que son estomac gargouille ! Voyant qu’il n’arriverait pas à ses fins et ayant son cul gelé, il se leva et couru pour se réchauffer. Une odeur fit soudain frémir ses narines. Oh ! Que ça sentait bon ! Grands dieux qu’il avait faim ! Suivant l’odeur, il arriva à une maisonnette… s’approcha tout doucement, certain que personne ne le voyait. Le nez en l’air il humait le fumet. Mais plus il humait plus son estomac gargouillait.
Il approcha encore plus pour remplir ses naseaux frétillants de l’effluve, du parfum grisant qui l’amenait quasiment au Walhalla.
Un bruit le fit sursauter brisant du coup sa méditation, le figeant sur place, la patte droite en l’air, la queue dressée, les oreilles aux aguets, le cœur battant la chamade. Un léger bruit, comme un glissement, un chuintement. Danger ? Tous ses sens aux aguets, il écoutait. Un mouvement, à quelque pas de lui… l’odeur se fait plus forte en même temps qu’un tout léger vent de chaleur. Un humain a ouvert la porte là, à même pas un mètre de lui. Ne sachant que faire, hypnotisé par l’arôme, il ne bouge pas… il est pétrifié. Il y a quelqu’un derrière la porte, il voit la silhouette d’un humain, il voit sa main s’avancer à travers l’ouverture et déposer délicatement un plat dans la neige. La porte se referme aussi doucement qu’elle ne s’est ouverte… juste un chuintement à peine inaudible.
Monsieur Renard s’approche à pas comptés, guidé par son nez, il ne peut résister. Il est affamé. Le plat est plein de bouffe. Oh ! Joie ! Son estomac vibre, sa bouche bave, son nez frétille… ça sent bon. Avec précautions et du bout des dents, il prend une petite bouchée. À travers la vitre de la porte, il voit ~ du coin de l’œil ~ l’humain assis sur le sol qui le regarde avec un grand sourire. "Mange, mon petit", qu’il l’entend dire."Quand tu auras faim, reviens. Il y aura toujours de quoi pour toi, petit coquin".
Sachant qu’il n’a plus rien à craindre, il vide le plat. Oh ! Que c’est bon et tout chaud dans l’estomac. Monsieur Corbeau peut-bien garder son fromage gelé. Monsieur Renard est maintenant rassasié. Merci, humain, de ton amitié.

Auteur : Mick Hall


La chatte et le renard.
 
Sur le haut du pilier d’un portail mal fermé,
Une chatte, aux poils courts et hirsutes, trônait,
Sorte de bête pas aimable, mal brossée.
De là, elle veillait sur un bout du quartier,
Une chasse gardée qu’elle s’était octroyée
Avec des chats voyous venus de la citadelle.
Il faut dire qu’elle ne semblait pas fidèle.
 
Survint à vadrouiller dans son quartier privé
Une bestiole, à l’endroit, pas habituée :
  • Eh ! Vieille lapine si mal accommodée
Qu’espères-tu ici sur ce si haut pilier ?
  • Je ne suis lapine, minette seulement
Pas si vieille que ça, vieux renard arrogant !
  • Qu’importe pour moi ! Pour un très bon déjeuner
Lapin ou matou c’est pareil à déguster.
 
  • Mais alors, que fais-tu là-haut, vieille commère ?


  • Je veille, qu’ici ne soient que ceux qu’on tolère,
Que des importuns ne viennent nous déranger,
N’y traine pas longtemps, on va te déloger !
  • Dis, la prétentieuse ! Je fais ce que je veux,
Ce n’est un chat qui me dira ce qui est mieux.
  • Pauvre être innocent, mes mâles te jetteront
Ou bien mon caresseur te bottera l’oignon.
 
  • Tu sais ma mignonne, je blague pour mignonne,
On me dit bien malin, bien plus futé en somme.
Ce ne sont pas deux ou trois matous de bourgeois,
Habitués au confort plus qu’à courir les bois
Qui me feront peur et me chasseront de là,
Pas plus ton maître qui me scrute de là-bas.
N’oublie surtout que tu les as bien faits souffrir.
Avant que de se battre, ils vont y réfléchir.
 
  • C’est ce que tu penses animal affamé.
  • Affamé ! Tu le dis bestiole mal brossée
Mais pour un déjeuner, tu feras bien l’affaire.
  • Arrête de tourner tu n’as que ça à faire
Tu donnes le tournis. Attends j’entends Médor
Il ne fera qu’une bouchée de toi alors.
  • Tu rigoles je crois ! Il ne veut plus de toi
Tu lui as griffé la truffe bien trop de foi.
 
  • Tu sais ici, je suis très bien et je te vois,
Goupil n’est plus assez souple pour grimper là.
  • Certes, mais, je suis tout de même endurant
Il m’est bien coutumier d’être persévérant.
  • Je resterai toute la nuit, plus s’il le faut
Et tout un jour encore, même s’il fait trop chaud.
  • Tu ne tiendras ici pas si longtemps que ça.
Comme durant une épreuve de Koh Lanta.
 
  • Nous verrons bien cela, animal dégoûtant.
  • Je ne perdrai pour rien  un mets si succulent.
  • Tu te crois si malin, être si prétentieux,
Nous verrons lequel est le plus malin des deux.
Le temps passait ainsi, le matin, le midi,
La fin de la journée et puis la nuit aussi.
Les matous, le chien et le maitre davantage
Se tenaient bien plus loin, peu enclin au courage.
 
La vaillance échappe à  ceux qui n’ont besoin
De se battre pour un déjeuner le  matin.
La chatte était seule sur le haut du pilier,
L’espace y était bien réduit pour se bouger.
Les heures de l’aube lentement s’étiraient.
Silencieuse et calme, elle s’imaginait
Asséner au goupil une belle raclée
Qui, au bas du poteau, patientait allongé.
 
A plus sensée issue, elle réfléchissait
Pour comment se sortir de ce piège assuré
A moindre péril et échapper au malin.
Lui, raillait l’effrontée de gestes bien mesquins.
Il attendait, comme si rien ne se passait,
La chatte ne pouvait plus du tout s’échapper.
La seule issue pour la greffière, là, était
Où il mimait sommeil,  bien de quoi s’affoler.
 
Puis, une sombre nuit de nouveau s’approchait,
La chatte cherchait à s’étirer à souhait,
Maladresse qui la fit chuter du pilier.
Le félin n’attendit son reste, il l’emportait
Pour un royal diner en famille affamée.
La nuit noire ne fut même pas dérangée,
Un triste incident que nul ne regretterait.
La chatte était croquée…et seul je le savais.
 
Moralité :
  À vous messieurs, qui, bien trop mal, nous gouvernaient !
Le monde n’est à ceux qui croient le dominer.
Auteur : Mick Hall

Le renard et le paysan.
 
Ce matin le paysan crie bien fort au malheur,
Au fond du poulailler, deux poulardes se meurent.
-Encore un mauvais coup de ce maudit renard !
Vil animal qui, sur mon dos, se fait du lard.
 
C’était, il y a quelques années, plus sans doute,
Quand l’endroit n’était lié à une moindre route.
Un paysan est venu installer son domaine
En ce bout du monde où presque rien ne mène.


Il est venu de pas plus loin qu’un environ,
Construire ici une ferme et habitation,
Fier du bout de papier qui donnait cette terre
A un imposteur et bien vilain propriétaire.
 
Ici, presque caché, depuis bien des années,
Vivaient cependant des bêtes en liberté,
Qui n’eurent besoin de document à signer,
Pour en ce jour être assurément exproprié.
 
Et pour quelle raison ce bipède averti
Aurait des droits de régner en ce pays ?
Parce qu’il a un tout petit bout de papier
Qu’un tout petit lapin ne peut pas déchiffrer.
 
C’est quoi la justice des hommes, qui condamne
A l’expulsion l’animal, hormis le bœuf et l’âne ?
Pour que le bipède profite impuni
De la nature prolifique qu’il salit.
 
Le renard, n’entendait l’injuste décision
Et il trouvait l’intrus bipède bien couillon.
Il ne comprenait que le jour il devait fuir,
Alors qu’au soir, plus rien ne le ferait courir.
 
Bien plus habile que ne le pensait l’humain,
L’animal convoitait de bien heureux festins.
Il trouvait le mortel malgré tout bien aimable
Pour lui dresser ainsi une si belle table.
 
Pourquoi se fatiguer à courir pour manger ?
Quand le paysan, dans un poulailler, lui offrait
Pitance de poules dodues à volonté.
Que demandait de mieux la bête en liberté !
 
Y a-t-il morale à cette obscure histoire ?
L’homme devrait bien y réfléchir chaque soir.
 A force de chasser loin le renard malin,
Il revient trouver un trop facile festin.
 
Bobo des villes qui affiche ton statut
Ne t’offusque pas que, des banlieues qui puent,
Surgissent nombreux ceux que tu as exilés
Pour te prendre ce que tu voulais exhiber.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour vos commentaires. Ils sont encourageant et peuvent nous être très utiles.