lundi 4 mai 2015

Thème : Paysage vert



Auteur : Marie-Hélène Courtin (gagnante pour ce thème)


Dans mon petit jardin, c’est la guerre !

On pourrait s’y tromper. Tout a l’air, comme ça, calme, tranquille, serein. Le chat se chauffe au soleil. Un papillon voltige. Les mésanges pépient, voletant d’arbre en arbre. Une brise berce en silence les branches du laurier. Paresseusement, le figuier met ses feuilles. Les lys sortent de terre. Lavande, verveine, romarin, basilic, tout ce vert nous apaise, tout respire la paix…

Et pourtant c’est la guerre !

Penchez-vous au dessus, regardez un peu mieux.

La timide pervenche attaque la pariétaire. Le liseron, si frêle, ligote, étrangle la violette. L’ipomée volubile enlace le rosier d’une étreinte mortelle. Le jasmin se faufile et l’air de rien colonise le lierre. Le troène, royal, se pousse et défie le mûrier. Face à face sanglant, suspens insoutenable : Qui des deux reculera ?

Ce qui se trame en dessous n’est guère plus élégant.

L’acanthe, comme une pieuvre, lance ses racines à l’assaut du sous sol. Les belles de nuit, s’enfouissant toujours plus profond, années après années, envahissent l’espace. Et les lilas têtus repoussent ça et là...

La bataille fait rage, silencieuse, sournoise. On gagne du terrain, on perd des territoires. Les vaincus se replient, jaunissent, se dessèchent. Pas de cris, pas de sang, c’est propre, sans appel !

La lutte, le bras de fer, n’auront jamais de fin. C’est comme la guerre d’Irlande, les vendettas corses, Palestine et Israël! Pas de cessez-le-feu, d’armistice, de trêve. Hier c’était Austerlitz, mais viendra Waterloo. Tout dépend du son de cloche qu’on écoute, par quel bout de la lorgnette on regarde, et à quel moment on arrête l’histoire. Le vaincu d’aujourd’hui sera peut-être vainqueur demain… Le combat ne s’arrêtera qu’avec la fin du monde. La mort du dernier partisan n’y suffirait pas. Il y aura toujours, quelque part dans le monde, un arrière petit cousin prêt à se réveiller un jour persuadé qu’il est vital pour lui de venger la mort de son aïeul. La haine est toujours prompte à renaître des décombres, le feu couve sous la cendre, l’orage n’est jamais très loin.

Le temps seul jugera…

Et moi, je joue à Dieu ! Je plante, j’arrache, je sème. Je bouture, je taille !

Peine perdue, illusion vaine ! Comme la marée emporte les châteaux de sable, les années peu à peu anéantiront mes efforts de « simple mortelle ». La nature reprend toujours ses droits…

Non ! Nature n’est pas «un temple », Nature est une jungle où on ne fait pas dans la dentelle, où tous les coups sont permis. Sans états d’âme, sans pitié. Rien de personnel : « Just business ! »

Pourquoi vouloir de l’homme qu’il soit plus raisonnable ? Parce qu’il a un cerveau ? Qu’il opère à cœur ouvert, a inventé la roue et guérit le cancer ?  Pfttt ! Il a aussi un égo qu’il lui bouche la vue, le fait voir à court terme, et de façon étroite. Plongé dans la contemplation de son nombril, il détourne les eaux, goudronne les chemins, coupe les pins centenaires autour de sa piscine et, comble de l’horreur - Ô honte, ô barbarie - assassine les journalistes, croyant tuer la liberté !





 Auteur : Dominique Dutriaux



LA FORET



Dans mon jardin, il y a une forêt

Immense où chaque arbre s’agite au gré

Du vent du soir. Un arbre symbolique

Se meurt.

Je n’aime pas qu’on y vienne avec une hache !

Dans cette forêt, tous les arbres tremblent.

Leurs feuilles crépitent, se froissent et semblent

Se recourber sous l’effet de l’effroi.

J’ai peur.

Je n’aime pas que les feuilles on m’arrache !

Dans mon arbre penché, une luciole

Scintille par à-coups. Sa course folle

Eclaire un chemin tordu. Ephémère

Lueur.

Je n’aime pas que l’on m’éteigne !









Dans ma forêt secrète,

Je veux que tu viennes.

Je veux que tu m’effeuilles.

Je veux que tu m’étreignes.

Laisse-moi scintiller au gré de ton souffle, oh ! Mon bel Amant.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour vos commentaires. Ils sont encourageant et peuvent nous être très utiles.