lundi 4 mai 2015

Thème : une femme avec une femme



Auteur : Dominique Dutriaux


LA GITANE

J’ai laissé à Cordoue mon coeur
Dans les mains d’une gitane
J’ai pleuré, j’ai eu peur
Elle a heurté mon âme.

Ici la terre est sèche et pleure
Des milliers
De larmes d’olivier.


Loin de Cordoue mon cœur se meurt
Car dans les lignes de ma main
De ses doigts elle a, j’ai bien peur
Tracé de mon destin
L’écueil
Et j’ai pleuré de peur
Qu’elle ne me brise l’âme
Ici la terre est rouge et saigne
Des milliers
De gouttes d’olivier.


Auteur : Jean-Pierre Erold (gagnant pour ce thème)



Toi avec qui j'ai vécu ma jeunesse
Toi qui n'as eu que de la tendresse,
Moi qui n'ai eu que de l'espoir,
J'ai cru en ta présence de m'émouvoir.

Aujourd'hui, je suis obligée de t'avouer
Lors de nos débats, je ne t'ai jamais regardé
Car si mon corps était présent, mes pensées
Allaient vers une autre personne aimée.

Lorsque tu me caressais avec doigté
Ce n'était pas tes mains que je ressentais,
Quand tu m'embrassais avec légèreté
Ce n'était pas tes lèvres qui me plaisaient.

Aujourd'hui, je suis obligée de t'avouer
Que la nature depuis longtemps a décidé
Que je ne serai bien et qu'appréciée
Une personne du même sexe dont je suis née.

Je regrette sincèrement si ton cœur en est blessé
Mais jusqu'à ce jour, je ne pouvais m'exprimer.
Je te demande à cela de ne pas me juger,
En souvenir de notre jeunesse d'accepter mon amitié.






Auteur : Mick Hall
Les deux jeunes femmes se croisèrent, pas plus habillées l’une que l’autre. Une gêne profonde frustra leur visage, chacune ayant dévoilé ses charmes à l’autre. Et quand Laurence voulut quitter la pièce, elle toucha la main d'Angélique qui ne traînait pas là par hasard. Les deux mains se cherchèrent plus précisément, les regards s’évitèrent comme honteux d’un on ne sait quoi. Puis les doigts se crispèrent pour que chacune ne puisse pas quitter l’autre. On entendait le souffle court des deux jeunes femmes taire toute autre véhémence. Les yeux se croisèrent enfin.

Tous les mots refoulés des incompréhensions de la vie s’échangeaient à la vitesse de la lumière. Toutes perturbées, elles étaient à la limite du tremblement, chambardées, et blanchâtres du visage jusqu’aux fesses. Il faut dire que le temps ne prêtait pas au bronzage.

Doucement, les bouches s’attirèrent, maladroites, fébriles, jusqu’à ce que les lèvres se touchent pour un baiser, comme celui d’enfants qui jouent au papa et à la maman. Malgré leur nudité, une pudeur éthique les tenait séparées. Le baiser ne fut ni si long ni si fort par son engouement. Cela apaisait l’instant. Ce geste était-il normal ? Deux femmes qui s’embrassent ! Il faudrait un peu de temps pour plus, les lèvres se suffisaient de mot.

La candeur naturelle se trouvait blessée. En cet instant était né un destin commun entre deux déçues des phallus orgueilleux. Ce n’était pas la naissance d’un amour des corps qui ne pensent qu’aux plaisirs non maîtrisés, mais d’un véritable amour de deux âmes, si pures qu’elles se méritaient.


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